Hybride, électrique, hydrogène. Les projets sur les nouvelles technologies ne manquent pas en 2019. Il y a (déjà) 10 ans, Yves Courage était en pointe sur le sujet avec le projet ETIC (Electric Technology and Innovation for Competition). Cet ambitieux programme devait permettre de voir deux protos en Le Mans Series 2010 ainsi qu’aux 24 Heures du Mans.
Yves Courage se montrait confiant sur la finalité, comme il nous l’avait expliqué en mars 2009 : “Nous voulons véhiculer une autre vision de l’électrique que celle trop présente dans l’esprit du grand public de courte autonomie et de faibles performances. La course des 24 heures du Mans, synonyme de performance et de durée en est le meilleur vecteur. Ensuite, relever un challenge technologique véhiculant une image avant-gardiste, citoyenne et performante pour ses acteurs et partenaires.”
Les initiateurs du programme ETIC étaient Yves Courage, directeur technique, Paul Belmondo, en charge de la gestion sportive, Didier Sommereau et Jean-Michel Pappolla, tous deux associés à l’Agence La Squadra, qui avait sous sa responsabilité le contrôle budgétaire du projet. Jean-Claude Rose était ingénieur châssis, Jean-Claude Chesneau, ingénieur intégration des composants électriques.
Dès la présentation du programme, le nom Courage LC75e était dévoilé. Le premier objectif était d’avoir une voiture laboratoire avec un premier roulage prévu au cours du second semestre 2009. Le partenaire moteur était TM4, filiale d’Hydroquebec et Dassault. L’architecture technique pour la fourniture d’énergie s’orientait vers une pile à combustible associée à de la récupération d’énergie stockée grâce à des batteries lithium-ion.
Il était prévu que le premier prototype LC75e1 boucle plusieurs tours du circuit des 24 Heures du Mans en juin 2010 avec un temps d’environ 3.40 mn au tour. Ce prototype devait servir de base à la LC75e2.
Didier Sommereau nous avait donné quelques informations sur cet ambitieux projet :
Ce projet a-t-il déjà été présenté à l’Automobile de l’Ouest ?
“Oui, bien sûr.”
Quelles ont été les réactions ?
“Très positives, comme vous pouvez l’imaginer. L’ACO a toujours été à la recherche d’innovations dans le domaine su sport automobile, innovations transposables par la suite sur la route, comme les freins à disque par à exemple. Notre projet ne pouvait donc que susciter leur intérêt, comme celui d’ailleurs des collectivités territoriales.”
De nombreux problèmes techniques vont certainement se poser. Est-ce que les batteries, par exemple, vont perdre de la puissance en cours de relais ?
“S’il n’y avait que des batteries, certainement. C’est pour cela que ETIC fait appel à une conjugaison d’éléments : la pile à combustible, les super capa et les batteries lithium-ion, afin de garder un rendement quasi-constant.”
Sera-t-il nécessaire de changer les batteries?
“C’est une possibilité. Tout ceci reste à vérifier. Il existe encore quelques inconnues : la taille des batteries. Un des points importants sera le système de refroidissement, pour refroidir les batteries et les moteurs. Le réapprovisionnement en hydrogène sera également très étudié.”
Existe-t-il des problèmes au niveau de la sécurité? Avec l’hydrogène, par exemple?
“De gros progrès ont été faits dans ce domaine. Il existe déjà des réservoirs à hydrogène encaissant 3G, et des valeurs encore plu importantes existent en aéronautique et en aérospatial. Il faut, c’est vrai,, un système totalement sécurisé, ce qui a forcément un coût. De toutes façons, les premiers essais avec le démonstrateur seront un révélateur et nous permettront de faire face aux problèmes.“
Paul Belmondo jouera en quelque sorte un rôle de team manager?
“Tout à fait. Paul avait envie de se replonger de l’autre côté de la barrière en sport auto après avoir officié en tant que consultant. Il a envie de retrouver la piste et de refaire du développement. Il a participé au Trophée Andros, mais là il va retrouver des protos qu’il aime bien. Il prendra le volant de la voiture et évaluera un certain nombre de pilotes.“