Avec trois Audi RS 5 DTM cette saison en DTM, WRT passe à la vitesse supérieure en 2020. L’écurie belge dirigée par Vincent Vosse a appris il y a quelques jours le retrait du constructeur allemand à l’issue d’une saison qui doit débuter, selon le calendrier actuel, au Norisring. L’engagement de WRT dans la série allemande est totalement indépendant du programme GT3, mais ce n’est pas pour autant que Vincent Vosse n’étudie pas d’autres pistes pour l’avenir et celle qui ressort du lot est le LMDh. Le patron de WRT est revenu pour Endurance-Info sur le départ d’Audi du DTM, mais aussi sur ses envies d’un nouveau challenge pour son équipe.
Vous êtes surpris par l’arrêt du programme Audi en DTM ?
“Je ne peux pas dire que je sois surpris de la décision, mais plus du timing. En venant en DTM, on savait qu’il y avait un risque. On a vite vu que les constructeurs japonais n’ont pas mordu pour venir en DTM et que Aston Martin n’était pas officiellement impliqué dans le programme. Cependant, je ne regrette pas une seule seconde notre engagement en DTM et je reste très motivé pour terminer sur une bonne note.”
WRT est à la recherche d’un nouveau challenge ?
“Je travaille, depuis un certain temps, sur le LMDh. Bien sûr, il faut encore attendre le règlement complet. Le produit est en fait la copie du GT3, ce qui fait qu’il a toutes les raisons de réussir. Avoir la possibilité de rouler au Mans, à Daytona ou encore à Sebring est génial. La plateforme est attractive pour les différents constructeurs. WRT s’y intéresse même si comme je l’ai dit précédemment, il faut attendre de connaître ce qu’il en sera.”
Vous recherchez la même chose qu’en GT World Challenge Powered by AWS ? Une équipe privée fait rouler la voiture avec un soutien plus appuyé sur les grandes courses ?
“C’est un peu à l’image de l’Intercontinental GT Challenge où on prendrait un prototype pour aller dans le monde entier. L’idéal serait que WRT fasse rouler la voiture avec un soutien de l’usine sur les grandes courses. Je pense que l’avenir du sport automobile tend plus vers de la compétition-client haut de gamme que vers un programme financé à 100% par un constructeur.”
L’usine pourrait amener ses pilotes…
“Prenons le cas où Porsche dirait oui au LMDh. Je ne pense pas qu’une équipe ferait un équipage de la trempe de Estre/Vanthoor/Lotterer, mais plutôt Vanthoor/Lotterer avec un troisième pilote qui pourrait être, par exemple, Aberdein qui était chez WRT en DTM l’année passée. C’est un peu à l’image de ce qui se passait dans les années 80 où Porsche fournissait des autos capables de gagner Le Mans sur un schéma qui reposait en partie sur des équipes privées.”
La situation actuelle peut aussi amener un peu plus de clarté au niveau des catégories ?
“Si tout le monde joue le jeu, cela peut niveler le sport auto. Actuellement, on parle de LMP1, Hypercar, LMDh, GTE, GT3, Pro, Pro-Am, GT4. Pour Le Mans, l’idéal serait LMDh et GT avec les GT3. Dans ce cas, les GTE seraient amenées à disparaître car, selon moi, la catégorie GT3 est la meilleure plateforme du GT. On a le même souci en monoplace. Si on me parle de F3, c’est quelle F3 ? Quel championnat ? Retrouver un schéma Formule Ford, Formule Renault, Formule 3 et Formule 2 permettrait de réorganiser les choses. Le but reste le même : se battre contre les meilleurs et gagner.”
Si on part sur du LMDh et du GT, quid des LMP2 ?
“Une LMDh est basée sur une LMP2, alors ce qui pourrait changer, c’est au niveau de l’équipage avec, pourquoi pas, du LMDh Pro-Am. Il faut suivre ce qui a fonctionné en GT3. Je peux me tromper, mais ce qui plait à un gentleman, c’est de pouvoir accélérer à la sortie de Mulsanne comme un Lotterer. Idem à La Source en GT entre un Rast et un Ide. Il faut simplifier les choses. On est face à une crise, alors dans un premier temps, ne pas avoir un équipage 100% usine irait dans le bon sens même si, à chaque fois, ce serait un compromis de haut niveau, d’où mon Lotterer/Vanthoor/Aberdein.”
Pour WRT, un tel programme se ferait au détriment du GT3 ?
“Actuellement, nous avons une équipe fabuleuse en place en DTM. L’outil est magnifique. Aujourd’hui, le GT3 est fabuleux aussi et très bien géré par SRO. Si on va dans une autre direction, ce n’est pas pour abandonner le GT.”
Il faut aussi que les constructeurs veuillent investir dans la conception d’une LMDh…
“Tout le monde va devoir se serrer les coudes afin de faire en sorte que notre métier, qui reste avant tout une passion, puisse rester quelque chose d’attractif pour les constructeurs. Que ce soit du GT3 ou du LMDh, cela ne peut pas être fait par des préparateurs. Dans un premier temps, le GT3 était réservé aux courses de sprint. Maintenant, on fait de l’endurance sans le moindre problème grâce aux constructeurs qui ont amené la fiabilité.”
Selon vous, le GT3 a besoin de changement ?
“Il faut le rendre plus accessible et moins coûteux. C’est tout, il n’y a rien d’autre à changer…”