Si on vous dit WR, vous pensez logiquement à Welter Racing et Gérard Welter. Si le patron de l’équipe française nous a malheureusement quittés bien trop tôt, il existe toujours une entité issue de l’écurie de course. Créée en 2014 par Gérard Welter, WRTI (Welter Recherche Technologie Industrie) met ses compétences dans le domaine des énergies nouvelles au monde des transports. Cela concerne le premier projet GreenGT, mais l’activité va bien au-delà du sport auto.
Thibaut Dejardin, Vincent Soulignac et Isabelle Piffret sont à la tête de WRTI. Le savoir-faire de l’entreprise francilienne évolue dans les domaines des solutions innovantes appliquées au monde des transports (pile à combustible hydrogène, biométhane, électrique).
Les passionnés d’endurance ont forcément entendu parler du projet GreenGT H2 qui devait occuper le Garage 56 aux 24 Heures du Mans 2013. Après les épopées WM et WR, Gérard Welter s’était lancé un nouveau défi avec son petit commando de passionnés. “Gérard a initié le lancement de WRTI suite au changement d’activité de l’équipe avec le projet GreenGT H2”, a déclaré Thibaut Dejardin à Endurance-Info. “Pour l’équipe, c’était impossible d’aller en LMP1 et compliqué de venir en LMP2 de par le nombre limité de constructeurs. On a donc voulu séparer les activités. Vincent Soulignac, qui était déjà de l’aventure WM, et moi avons différentes activités.”
Si le développement de la GreenGT H2 a occupé WRTI un bon moment, les activités sont multiples, comme l’explique l’ingénieur : “Nous avons travaillé pour La Poste avec un travail sur des véhicules à l’hydrogène, sans oublier la mise en place d’une pile à combustible hydrogène pour un bateau. Nous travaillons toujours sur le système de la pile. Notre créneau est la mobilité de demain.”
Contrairement à beaucoup de personnes, Thibaut Dejardin ne croit pas à la technologie unique : “Avoir une seule mobilité ne me semble pas aller dans le bon sens. Boucler 800 km en électrique nous paraît incohérent, tout comme boucler 2 km avec un véhicule diesel. WRTI a toujours voulu aller de l’avant.”
Il y a quelques années, WR a travaillé sur un projet au biométhane pour aller aux 24 Heures du Mans. “Le projet a débuté en 2014”, précise l’ingénieur français. “Un Garage 56 était possible en 2017. Nous voulions montrer que la voiture pouvait fonctionner avec un moteur 3 cylindres. On s’est retrouvé dans une période où le prix du baril de pétrole était en baisse, donc un projet moins intéressant pour les investisseurs.”
Le biométhane est un gaz 100% renouvelable produit à partir de déchets issus de l’industrie agro-alimentaire, de la restauration collective, de déchets agricoles et ménagers, ou encore de boues de stations d’épuration. Ce biogaz épuré a les mêmes propriétés que le gaz naturel, et donc les mêmes usages. Il peut donc être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel très facilement. En France, seulement 16 000 voitures roulent au gaz, contre 3 millions en Chine et plus de 2 millions en Argentine.
WRTI travaille sur le projet français Vision Automobiles qui doit voir le prototype fonctionnant au biométhane au départ des 24 Heures du Mans, dans un premier temps au sein du Garage 56. C’est donc un projet 100% français qui attend Vision Automobiles et WRTI.
“Le 100% français se développe”, souligne Thibaut Dejardin. “Nous avons connu cela avec WR et l’idée est de porter haut les couleurs de la France sur la plus grande course d’endurance au monde. La situation malheureuse que nous vivons actuellement va peut-être nous aider dans le 100% français. Avec le projet WR, nous avions fait une étude numérique. Maintenant, les règles sont plus compliquées, donc le moteur ne sera pas un 3 cylindres. Il nous manque encore un équipementier sur les injecteurs. Il faut expliquer le biométhane au grand public. La technologie se prête bien aux longues distances, donc aux 24 Heures du Mans. C’est aussi pour cela que la technologie est employée dans le domaine des poids-lourds. Ne pas avoir fait rouler la GreenGT H2 au Mans est un mal pour un bien car cela aurait certainement tronqué la technologie.”
Thibaut Dejardin et WRTI visent le méthane liquide sachant que pour avoir la performance en compétition, il faut travailler sur l’injecteur. La Sarthe dispose déjà d’une filière biométhane avec les agriculteurs. Selon l’ingénieur, avoir une catégorie biométhane au Mans en 2025 est réalisable. A noter que la technologie est utilisable sur une GT. “Le biométhane est utilisé via un moteur thermique”, précise Thibaut Dejardin. “Il y a 60 litres d’essence pour 110 litres de biométhane. Il faut juste un réservoir rigide et non souple. Cette technologie est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît…”