En regardant la liste des engagés des 24 Heures du Mans le 1er mars dernier, Yann Belhomme a eu la déception de constater que Duqueine Engineering n’était que premier suppléant. Dommage de laisser sur le carreau Romain Dumas, Pierre Ragues et Nico Jamin, mais le Comité de Sélection a tranché. Théoriquement, être premier suppléant vous laisse quelques bribes d’espoir, mais quand on voit la qualité des équipes retenues, Duqueine Engineering s’est focalisé sur la saison European Le Mans Series plutôt que d’attendre un hypothétique ticket. La bonne nouvelle est intervenue jeudi dernier suite au forfait d’une Ferrari de Spirit of Race. Le team principal de l’équipe gardoise va donc devoir remettre la machine en route afin de finaliser le programme Le Mans.
Soulagé de ce repêchage ?
“C’est clairement une surprise. Vu la qualité des équipes, on ne pensait pas à un forfait. On ne s’y attendait pas une seule seconde. Nous avions stoppé la recherche de partenaires, ce qui fait que nous allons relancer la machine. Je suis vraiment satisfait de notre équipage. Nico et Pierre sont rapides et fiables. C’est une belle satisfaction de les avoir avec nous encore cette année. Avoir la confiance de Romain est juste extraordinaire. C’est top que quelqu’un de son calibre se lance dans un tel challenge à nos côtés.”
C’est un peu toute la ville d’Alès qui va au Mans…
“La voiture porte le numéro 30 comme le département du Gard. L’ORECA 07 est préparée à Alès et sera pilotée par un alésien. Nous aurons le soutien de la ville d’Alès. De plus, 2019 est l’année des 20 ans du Pôle Mécanique Alès Cévennes. On peut difficilement faire mieux. Alès est une ville où il fait bon entreprendre. La cité est passionnée par le sport automobile. Monter un circuit était un projet complètement fou qui a fini par aboutir. Il y a vraiment une écoute autour des projets sportifs. Les personnes qui s’affairent au développement économique de la région m’ont toujours soutenu et c’est à moi de leur rendre ce qu’ils m’ont apporté. Nous allons intégrer des jeunes du CFA d’Alès dans l’équipe. A notre petite échelle, nous allons motiver un maximum de gens pour ce sport qui est la passion de ma vie.”
Vous étiez forcément déçu le 1er mars ?
“Déçu, mais pas amer. Nous avions tout fait pour que tout fonctionne, mais c’est la vie. Bien entendu, j’avais des espoirs. Avec Gilles (Duqueine), on prend les événements comme ils viennent. On peut penser qu’on mérite cette sélection plus qu’un autre et l’autre peut penser qu’il mérite sa sélection plus qu’un autre. Nous avons donc eu une réaction tournée vers l’humour sur les réseaux sociaux. Duqueine Engineering va prendre part à sa 4e saison European Le Mans Series avec, au milieu, les 24 Heures du Mans.”
C’est un rêve qui se réalise ?
“Le Mans, c’est le rêve de ma carrière. Cela fait 21 ans que je regarde cette course de près. J’y ai participé pour la première fois en 2003 chez XL Racing en tant qu’ingénieur systémiste. Je reste avant tout un passionné et je fais tout par enthousiasme et passion. Rien au monde ne met autant de passion que Le Mans. Cette course est tellement dure et atypique. L’objectif sera de faire le maximum et de ramener le meilleur résultat possible.”
C’est aussi une belle récompense pour Duqueine Engineering…
“Gilles et moi avons discuté de cette équipe autour d’un plat de pâtes il y a cinq ans. On s’est dit ‘pourquoi pas ?’. Cinq après, l’équipe est au départ de la plus grande course au monde. Gilles Duqueine est l’exemple même de la passion. Il est parvenu à monter un empire industriel à la force du poignet. L’écurie n’a pas acheté sa place au Mans, il y a eu un Comité de Sélection professionnel qui a pris des décisions. Nous restons la plus petite structure du plateau. On prépare Le Mans avec 14 personnes, mais 14 ultra passionnées qui peuvent avoir un rendement de 150%. Les membres de l’équipe étaient déjà là en 2014. La première course de l’équipe était déjà au Mans (en GT Tour, ndlr) et nous avions gagné les deux manches.
En 2018, nous avons débuté le championnat ELMS sans boucler le moindre kilomètre en essais. Ce sera la même chose cette année car nos moyens ne nous permettent pas de faire plus qu’un shakedown à Alès. Gilles est partenaire de l’équipe, pas un mécène. Il faut donc trouver des partenaires en plus de Duqueine Group. Je suis fier de tout ce qui a été fait. “Travailler dur te donne les moyens de faire du top”, voilà le mot d’ordre de Gilles. On le met en pratique dans l’équipe.”