Le virtuel ne remplacera pas le réel. Le mois dernier, Yannick Dalmas a suivi de près les 24 Heures du Mans Virtuelles directement au Studio Gabriel. Cette fois, le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans est de retour physiquement sur un circuit pour l’European Le Mans Series sur sa base du Paul Ricard.
Que retenez-vous de votre expérience des 24 Heures du Mans Virtuelles ?
“Les 24 Heures du Mans n’ont pas eu lieu et cette épreuve virtuelle a permis de pallier ce manque même si rien ne remplacera la vraie course. Il fallait oser tenter le concept. L’engouement a été incroyable aux quatre coins de la planète. S’il y avait des à priori avant l’événement, ils ont vite disparu. Le résultat est quand même incroyable avec un très bon rendu.”
Vous êtes sensibilisé au simulateur ?
“Jusqu’à ce que j’essaie le simulateur de Toyota avant le roulage de Bahrain, je n’étais pas très impliqué sur le dossier. Ma génération n’a pas été habituée à rouler sur simulateur. Selon moi, c’est une bonne complémentarité. Il faut s’en servir pour apprendre un circuit. Les gamers sont très pointus. J’espère maintenant qu’ils seront là en septembre au Mans pour qu’ils se rendent compte de la différence entre les deux mondes. Rien ne remplace le réel où les sensations sont différentes.”
Comment avez-vous vécu cette période sans circuit ?
“Toutes les embrassades familiales ont disparu, ce qui pour moi, comme beaucoup, est très particulier. Je me suis occupé chez moi à faire des choses que je n’avais jamais le temps de faire. Il fallait réfléchir à l’avenir, voir l’évolution des choses. Cette crise touche tout le monde, tous les secteurs.”
C’est tout de même bon d’être de retour sur un circuit…
“Même si le protocole sanitaire est contraignant, c’est toujours positif d’être ici. La situation actuelle fait du mal, mais on est là et bien là. Si tout le monde est raisonnable, ça repartira. Je reste confiant sur l’avenir du sport auto car je pense que cette pandémie va permettre de penser différemment. Il y a eu trois mois de privation et de frustration. Il est temps de reprendre et d’avoir une approche différente.”
Il reste des choses à faire pour faire bouger les lignes ?
“Le sport auto est ouvert à beaucoup de personnes. Il faut faire les choses différemment, réduire les coûts. Une journée d’essais coûte beaucoup d’argent : transport, personnel, location circuit, usure auto, pneus, etc… C’est aussi pour cela que le virtuel est complémentaire même si je pense qu’on est qu’au début du virtuel. C’est aussi à nous de faire le travail nécessaire lors des briefings. Il ne faut pas sous-estimer que le sport auto reste quelque chose de dangereux.”
On va tout de même vivre des 24 Heures du Mans un peu spéciales…
“Les 24 Heures du Mans doivent beaucoup aux spectateurs et la situation actuelle risque fort de bouleverser les choses. S’il faut passer par là pour mieux rebondir, alors ok. Le fait que la course se déroule en septembre va modifier pas mal de paramètres et ouvrir une nouvelle stratégie en course.”
Vous restez confiant pour l’avenir ?
“Il le faut. Il faut se battre, féliciter tout le monde d’être là et répondre présent. Le sport auto ne va pas s’arrêter. On a déjà assisté à quelques GP de Formule 1 sans les immenses structures. Est-ce que le show a été différent ? Je ne crois pas. Peut-être qu’on peut utiliser l’argent autrement. C’est un peu comme une sortie de guerre où il faut tout reconstruire.”
L’humain doit prendre le dessus ?
“En sport, comme dans la vie, on ne perd jamais seul comme on ne gagne jamais seul. Il n’y a pas d’exception. C’est tout un environnement qui permet à un sportif, un acteur ou qui que ce soit de se révéler et d’exploser. Aujourd’hui, quand ça marche, c’est qu’il y a tout un groupe derrière. Pour ma part, faire partie de ce groupe WEC/ELMS me permet de me remettre en question, d’être juste dans mon travail. C’est un partage et c’est comme cela que ça fonctionne.”