Quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans sur quatre autos différentes, Yannick Dalmas fait partie de la légende du Mans. Toujours actif au sein de la FIA où il apporte son expérience en WEC, le Varois n’hésite pas à parler de sa passion du sport automobile dès qu’il le peut. La semaine passée, nous avons échangé avec lui dans les locaux de la Matmut où il était présent, entre autres, avec Hugues de Chaunac. La paire Dalmas/ORECA a fait fureur sur les circuits du temps de la monoplace et au début des années 2000 en LMP1.
Entre ORECA et vous, c’est une longue histoire…
“ORECA était et reste la référence. Quand un jeune comme moi arrivait chez ORECA, il disposait d’une structure humaine rigoureuse pour prendre ses marques et progresser. Il y a une méthode ORECA à respecter avec le message qui était ‘une année pour apprendre, une année pour gagner’. Parfois, nous étions contre l’avis de Hugues. Si on arrivait trop tôt dans une catégorie, on pouvait se brûler les ailes. L’expérience ne s’achète pas et Hugues avait raison car, même si on se dit qu’on est prêt et qu’on a fait le tour de la catégorie, il reste des choses à apprendre et à améliorer. J’ai tout de même dérogé à la règle lors de mon passage en F3000 où j’ai eu la possibilité de rouler en Formule 1. J’ai donc fait seulement une année chez ORECA et non deux.”
On sent que vous mettez les relations humaines en avant…
“Dans la défaite comme dans la victoire, tout est une histoire humaine avant tout. A un moment, on met tout sur la table, les choses positives comme négatives de chacun. Lorsque vos coéquipiers sont dans la voiture, vous êtes mentalement avec eux. Être pilote d’endurance demande beaucoup. La discipline est la plus complète qui soit. Il faut être rapide, mais il faut savoir prendre soin de l’auto, être en osmose avec ses ingénieurs.”
Avec l’arrivée des catégories Le Mans Hypercar et LMDh, l’Endurance est à l’aube d’un nouveau départ ?
“Le tournant est bon. Cela fait pas mal de temps qu’on en parle et c’est maintenant réel. Le LMDh ouvre de nouvelles perspectives et je ne doute pas une seule seconde que les constructeurs vont montrer de l’intérêt. Pour séduire, il faut de la stabilité et voir sur du long terme. Les pilotes ont eux aussi un rôle important à jouer. Avant, seule la Formule 1 comptait pour les jeunes, ce qui n’est plus le cas. Il y a des débouchés et l’endurance n’est clairement pas une voie de garage. Inscrire Le Mans a son palmarès a plus de portée aujourd’hui qu’il y a 20 ans.”
Vous avez toujours milité pour que les pilotes soient remis sur le devant de la scène…
“Il faut que le pilote retrouve sa vraie place. Comme je l’ai dit précédemment, c’est avant tout une histoire humaine. On a perdu cela ces dernières années. Les pilotes ont été brimés par la technique. Il faut faire la part des choses car quand on voit le tour de Kamui Kobayashi en qualif’ au Mans, c’est quand même quelque chose.”
Faire confiance aux constructeurs n’est pas trop risqué quand on se réfère au passé ?
“Il faudrait que chaque constructeur puisse mettre au moins une auto dans un team privé avec un support client. Audi l’a fait dans le passé mais cela coûtait très cher aux équipes.”
On voit tout de même une catégorie reine régie par une BOP…
“C’est à double tranchant. Si on laisse tout ouvert, c’est compliqué. Quand Audi était là, qui est venu contre eux ? Le problème est qu’à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, on n’avance pas.”