Vous avez été nombreux à poser vos questions à Yannick Dalmas. Le Race Advisor du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA a pris de son précieux temps à Bahrain pour répondre à quelques questions posées par les lecteurs d’Endurance-Info. Premier des deux volets…
Considérez-vous que la réglementation LMP1 hybride est allée trop loin sur le plan du développement ?
« Sur le plan technologique, je pense que oui, même si je ne dis pas que c’était mieux avant. Il faut vivre avec son temps. Les LMP1 actuelles sont des autos incroyables mais peut-être que la réglementation est allée trop loin. Le pilote est contraint de gérer la technologie hybride. Le talent intrinsèque du pilote est moins mis en avant. Je dis ça sans aucune nostalgie. Le bon pilote va faire la différence, mais peut-être pas autant que par le passé du fait de l’hybridation et de la consommation. Il faut certainement remettre l’homme en avant, même s’il faut de la technologie et du modernisme, que ce soit de l’hybridation ou de l’électrique. Aujourd’hui, l’homme est là mais peut-être pas à l’endroit où il devrait être. »
Ne pensez-vous pas que la façon d’aborder le sport automobile en Europe doit évoluer et se rapprocher du modèle américain ?
« Aussi bien en Europe qu’en France, le show n’est pas prédominant. On fait plus pour la bagarre et le sportif. On a besoin des médias et du public pour que l’on parle de sport automobile. Il faut sans doute s’inspirer des choses positives américaines pour les transposer en Europe. »
Prenez-vous autant de plaisir à voir de belles bagarres en piste que lorsque vous étiez pilote ?
« Oui mais forcément ce plaisir est différent. Les bagarres en LMP1 même si elles sont parfois écourtées. La catégorie LMP2 est très disputée et le GTE nous donne de magnifiques courses. Comme je l’ai mentionné précédemment, les LMP1 actuelles demandent aux pilotes de gérer l’hybridation. Peut-être faudrait-il libérer la consommation sur les cinq premiers tours pour donner encore plus de spectacle. Le spectacle était certainement mis plus en avant dans le passé. »
Quelle est la plus belle à laquelle vous ayez assisté ces dernières années ?
« Les dernières éditions des 24 Heures du Mans ont toutes été belles à des degrés différents. Aucune n’a été identique et c’est aussi ce qui fait la force de cette course. Il n’y a pas de secret, Le Mans reste Le Mans. La stratégie est toujours primordiale. Certains préfèrent tout donner dès le départ, d’autres font le choix de passer en mode attente. Le problème est que le retard se rattrape de moins en moins tant le niveau est élevé. L’Endurance n’a rien à envier à la Formule 1. On le voit avec un Brendon Hartley ou André Lotterer qui ont fait mieux que se défendre en Formule 1. Même en Am, le niveau est monté. Toutes les courses sont belles. Souvenons-nous du FIA WEC au Nürburgring en 2016. »
Quelle série auriez-vous choisi si vous aviez débuté votre carrière dans les années 2000 ?
« Il y a 20 ans, le plan de carrière était tout tracé. La monoplace devait amener en Formule 1. On ne pouvait pas faire de plan de carrière en Endurance mais juste des piges. Maintenant, on peut débuter très jeune par le GT et être pris sous l’aile d’un constructeur. Je comprends que les jeunes pilotes veulent aller en F1. Il faut des qualités particulières pour rouler en Endurance. Un pilote peut aussi faire sa place en LMP2 avec une belle carrière à la clé. De nouveaux constructeurs vont arriver en LMP1, il y a des courses comme Daytona, Suzuka, Le Mans, des championnats comme le WEC ou l’ELMS. Le Mans a fait rêver et fait rêver, que l’on soit jeune ou moins jeune. »
A suivre…